Histoires de deux-roues, de légumes et de balais

Partout en Asie du sud-est, conduire une moto est affaire d'équilibriste. Au Cambodge, c'est encore plus vrai. Chauffeurs et passagers s'accomodent d'un lourd chargement et gardent le sourire quand il s'agit de se frayer un passage dans la circulation dense de la capitale, comme ci-dessus.

Souvent, on circule à plusieurs sur le même engin et les plus jeunes sont habitués aux premières places, derrière le guidon. A l'arrière du deux-roues, on voit parfois des cochons. Avant d'être transformés en saucisse, ils lèvent une patte, histoire de signifier qu'ils profitent du trip moto (avant les tripes...) et donc de la vie, encore quelques instants.

Tchao,

Angel.

A Phnom Penh.

Vers Beng Mealea.

Depuis le bus vers Poipet.

Et à vélo...

A Phnom Penh.

A Siem Reap.

Vers Beng Melea.

Volontaires auprès des Khmers

C'était sympa, de se lever chaque matin en se demandant ce qu'on allait pouvoir apporter aux élèves de Sala Baï. Et de se retrouver, le soir, pour se raconter nos expériences. Ça nous changeait un peu, évidemment.

A deux pas de notre guest-house, l'établissement offre à ses élèves issus de régions défavorisées l'occasion d'apprendre les métiers de l'hôtellerie-restauration : l'accueil, le service, la cuisine, l'entretien et le ménage. Ils sont cent, âgés de 17 à 24 ans.

           Retour à l'école. De l'autre côté de ce pupitre, où la notation se lit sur le visage des élèves. Ceux-là ne sont très majoritairement pas apathiques. Réceptifs même. De quoi faire rêver certains enseignants de l'Hexagone. Il y a encore un an, la plupart d'entre eux ne balbutiait pas un mot d'anglais. 

Sur l'intitulé du cours : « conversation » ; autant dire que dans une classe de trente la première semaine, et de huit la seconde, on n'a pas parlé philosophie ou géopolitique. Ils donnent ce qu'ils peuvent, se trompent, se reprennent mais enregistrent rapidement. Ils se lancent, avec tous les doutes que laisse planer leur timidité. Eclatant de rire et guettant les chuchotements de leurs voisins qui soufflent la bonne réponse. Oui, leur niveau est inégal. Oui, ils n'ont pas une prononciation excellente. Mais ils sont tellement attachants quand ils frappent des mains et chantent avec nous.
 

Qui est vraiment le prof ? Physiquement, c'est nous. Mais ils nous rappellent que l'école est une chance. Une promesse d'avenir. Ils ne seront peut-être pas ministre ou haut fonctionnaires. Mais leur soif de connaissance et leur besoin de croquer la vie sont un enseignement.

Nico

           J'vous montre le tableau : j'vais discuter en anglais avec des Khmers, dépassant mon accent aussi rude qu'un Vietnamien du nord, plutôt proche de l'allemand courant, quoi! Mais ça m'botte bien!

Très vite, il faut souligner quelques subtilités de la langue du prince Charles et de Beckham : quand les étudiants chargés de l'accueil des clients vantent un "bed king side", ils sous-entendent que le roi veut partager sa couche ; pas que le lit est hyper grand ("king size"). Quand les apprentis serveurs proposent du milk, mais sans dire le "k", au petit-déjeuner, ça revient à mentionner un plat quelconque ("meal"). Et une "suite room" doit se prononcer correctement, ni "sweet", ni "Swiss". Et cetera. C'est là le gros du boulot. 

Sur l'envie d'apprendre et leur curiosité envers la langue, rien à redire. Leur enthousiasme est une vraie leçon, qu'ils nous donnent en retour.

Et puis, notre but est de montrer que l'anglais peut être "fun". Alors, on chante : "La vie en rose", version anglaise of course, et le tube qu'on m'avait enseigné au collège : "If you're happy and you know it (clap your hands)!"

Il y a bien autre chose qui les fait marrer, à chaque fois. Quand je leur donne mon âge. lls pensent tous que je ne dépasse pas les 20 ans! Décidemment, j'ai encore de beaux jours devant moi, à camper le rôle de la stagiaire...

Allez, tchao,

Angel.

Site internet de la structure = http://www.salabai.com/html/

Lire aussi le message ''Tout à coup, on a bien voulu de nous...'' (http://lemercredinarrivepasquunefois.blogspot.com/2011/06/tout-coup-on-bien-voulu-de-nous.html)

Méditation ou roupillon?

 

 

On aurait fait poser ces deux-là que ça n'aurait pas mieux donné! Profitant de la brise au pied de la tour centrale d'Angkor Vat, les moines se recueillent.

Selon les bouddhistes, la méditation améliore la qualité de vie, aide la personne à se calmer, se concentrer et elle purifie l'esprit. Le sommeil aussi, non?

C'était la pensée du jour,

Tchao,

Angel.

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C'est la fin du monde ?!

 

Drôle de phénomène. Le fameux apocalypse est-il donc pour tout de suite ? Il s'agit d'un cercle chromatique étudié au XVIII ème siècle par un certain Newton. Et lorsqu'on le découvre pour la première fois, au sommet d'un monument comme le temple d'Angkor Wat, pile au dessus de la tour centrale de l'édifice religieux que nous sommes allés visiter de nouveau en matinée, ce jeu de lumière prend un tout autre caractère. Intriguant et magique à la fois.

Les rayons du soleil traversent l'atmosphère chargée d'humidité pour former un rond légèrement plus sombre et cerclé de couleurs. L’œil des dieux. Par contre, pour trouver le trésor caché au pied de l'arc-en-ciel, comme le dit la légende, il faut être très malin !

Nico.

 

Pour voir encore plus de photos d'Angkor (Angkor Vat et le temple de Beng Mealea), cliquez sur Patrick.

La tempête et les bébêtes nous embêtent

Autant vous dire d’emblée qu'on ne lui a pas demandé son pédigrée. Grosse comme ma main, virevoltant au gré des vents, sa toile frémissant sous les gouttes d'eau, on croise cette araignée tropicale au détour d'un couloir, au temple de Beng Mealea. Voilà pour son adresse. Des ruines sommairement aménagées, à 60 km de Siem Reap, où l'on a vraiment l'impression de jouer aux explorateurs.

Et ce n'est pas le seul locataire à multiplier les guet-apens dans ces ruines. Des fourmis rouges de la taille d'une phalange semblent aussi apprécier l'escalade des vestiges... et des jambes de ses visiteurs. Leurs mandibules n'hésitent pas à s'attaquer au mastodonte que nous représentons. Une infanterie plutôt vorace !

Dans la guerre des espèces, les insectes peuvent aussi compter sur une aviation bien rodée. Une armée de moustiques, ravis de goutter un sang sucré comme le notre. Ajoutez à cela des trombes d'eau déversées par la mousson, la nature ne nous facilite l'excursion et l'on doit rapidement battre en retraite sous un abri de fortune. Une dernière incursion et, après trois heures sur place, nous capitulons.

Fini les émotions ? C'était sans compter les espions de la pension. Alors qu'Angel sort de sa douche et empoigne sa serviette, une blatte en jaillit. Le cloporte ne l'emportera pas au paradis. Il morfle pour tous ses congénères et finit écrasé, sans pitié !

Nico.


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Quand la pluie s'abat sur l'Asie

 

Nous vivons un été allongé, certes. Mais à trois semaines du retour, le ciel d'Asie joue les précurseurs bretons: c'est la mousson.


Quand il pleut, ici aussi, la vie s'arrête un peu. Surtout du côté des plus vieux. Femmes et hommes qui bossent au champ s'abritent fissa. Ceux qui tiennent commerce y sont déjà. Seuls les obligés se tapent la saucée : ceux qui roulent à vélo, en moto ou en "buffalo" (buffle). Dix minutes, souvent, tout l'après-midi, de temps en temps.

Nous, nous faisons comme pour le reste : nous regardons.
Observant ce petit monde, nous attendons que l'orage passe. Comme eux.
Au fond, il n'y a que les enfants qui semblent attendre ces fortes averses. Ils en profitent pour sortir cul nu et patouillent et chantent et font des batailles de boue. Comme partout ailleurs, mais sous le ciel gris-bleu de l'Asie.

Peut-être que moi, je patauge un peu dans la guimauve... C'est qu'on quitte tout ça dans moins d'un mois! Les pays du soleil et du sourire, de la vie tranquille et des temples majestueux. Parmi eux, le Cambodge est un vrai coup de cœur. Ce, malgré les pluies récurrentes, l'humidité accablante et la sueur dégoulinante. Tenez, aujourd'hui par exemple : 30 degrés et 70% d'humidité.


Marqué par une histoire sordide, le petit royaume compte sur l'humour de ses sujets. Facile pour nous d'engager la conversation, la bonne humeur est contagieuse.

C'est le pays qu'on aura le moins sillonné. Se poser dans une ville permet cependant de l'apprécier en profondeur. De la comprendre et d'y nouer des liens, comme avec le propriétaire de la guest-house, Mister Vanda (ici, vous l'aurez compris, nous sommes Miss Angel et Mister Nico).


Le "business man", 38 ans, est en colère contre le pouvoir en place : trente ans que le régime de Pol Pot et sa bande est tombé, mais Siem Reap n'a toujours pas de routes dignes de ce nom, en dehors du parc d'Angkor qu'exploite une société vietnamienne. A la place, de la poussière, des crevasses et de l'eau stagnante qui attire les moustiques.

Mister Vanda, son épouse et l'une de leurs deux filles.

Le pays peine à se développer, quand l'écart entre les plus riches et la majorité pauvre se creuse, à grand renfort de corruption pour les premiers. Pour se faire soigner, le paysan est toujours contraint d'hypothéquer sa récolte ou son champ. "Khmer people say they come to die", tempête Mister Vanda. ("Les Khmers disent qu'ils viennent au monde pour mourir").
Lui a fait des études et tient à aller voter. Mais le bureau auquel il doit se présenter est à une dizaine de kilomètres de son district, et différent de celui de son épouse. "Je ne comprends pas. On ne vote pas pour chez nous." Dans sa voix aussi, il y a de l'orage...


Allez, tchao,


Angel.







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"Sans ma barbe, quelle barbe !"

Je me permets donc de paraphraser le barde barbu de mon enfance. Avec ses bouclettes au menton, Corbier ne soulevait pas a priori l'ardeur de la gente féminine. « Baiser sans barbe, omelette sans sel », dit pourtant le proverbe. Ici, en Asie, la barbe n'est pas un apparat courant. Et lorsqu'on l'associe à une peau laiteuse et un nez aquilin, l'Autre ne reste pas indifférent.

Les « boulè », « pharang », « phalang » ou pour d'autres encore « barang » (autrement dit nous, les Occidentaux) intriguent. Le blanc, plus encore quand il arbore un beau collier velu, attire les regards. Celui des femmes d'abord. Quel que soit leur âge, en Indonésie, en Malaisie ou au Laos, elles n'hésitent pas à m'interpeller, se caressant les joues avec un grand sourire et un pouce levé. Apparemment, je suis au poil.

Les hommes aussi n'y sont pas indifférents, en tout bien tout honneur. Les mêmes gestes, avec une pointe de jalousie dans le fond de l’œil pour certains. Et oui, nous ne sommes pas tous égaux face à cette pilosité faciale. Nous n'avons d'ailleurs rencontré que très peu de barbus le long des routes d'Asie. Quelques moustachus, et encore... Et si, à de rares occasions, une personne avoue ne pas aimer la barbe, elle prend bien soin de me gratifier d'un « mais pour vous, c'est différent » ou d'un « mais vous, ça vous va bien ». Ouf, on était à un cheveu de l'incident diplomatique !

Nico.

Tout à coup, on a bien voulu de nous...

Ça nous titillait depuis quelques semaines : poser nos sacs pendant sept à dix jours, pour donner de notre temps. Une nouvelle expérience à la ferme ou dans les écoles, pourquoi pas?
Nous nous étions fixes sur le Cambodge. Peut-être parce que ce serait la fin (ou presque) du voyage. Sans doute parce que ce pays pauvre a besoin de main-d’œuvre bénévole (1). Et que les ONG manquent parfois de volontaires. C'est ce que nous nous étions dit.

La recherche a été longue et infructueuse, d'abord. Des écoles de cirque, des antennes locales de la Croix-Rouge, des fermes bio et des orphelinats... Personne ne voulait de nous, à moins d'offrir une disponibilité minimale de trois mois. Tant mieux, dans un sens, cela prouve que les organismes sont suffisamment sérieux pour ne pas accueillir le premier venu.

Nous commencions à nous dire que nous resterions les bras ballants... jusqu'à ce premier jour a Siem Reap. Nous avions déjeuné à Sala Bai, une école formant de jeunes Khmers aux métiers de l'hôtellerie. Nous quittions l'endroit quand un type nous aborde : il s'agit du responsable français du restaurant-école (2).
Nous lui demandons si, a tout hasard, il connaît une structure qui serait heureuse de nous recevoir. ''Vous parlez l'anglais?'' nous répond-t-il. Et c'est ainsi que nous fûmes recrutés pour dix jours...
Nous commençons ce lundi. Nous vous raconterons, bientôt.

Allez, tchao,

Angel.




(1) A Phnom Penh, un tiers de la population vivrait sous le seuil de pauvreté (inférieur à 70 $ ou 55 € ou encore 28.000 riels par mois).
D'après les chiffres de la banque mondiale, en 2004, 35% de la population vivait en-dessous du seuil de pauvreté et 20% de la population souffrait de malnutrition.

(2) http://www.salabai.com/html/


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OK pour un karaoke !

Des îles indonésiennes a la capitale asiatique des temples, nous aurons révisé nos classiques : AC/DC, Bon Jovi, Brian Adams, Lady Gaga, j'en passe et des meilleurs! La musique est poussée a fond, dans les ''songtaew'' (fourgon-taxi) du Timor ou sur les stands des marchands ambulants, au Vietnam et ailleurs. La chansonnette sous-titrée aussi, sur les places publiques de Malaisie ou dans les cafés de Thailande.

Le karaoke est a l'Asie ce que la RTT est au Français : un indispensable moment de détente et de relâche.
Preuve en est que, dans les guest-houses, les familles s'agglutinent devant la télé, pour voir défiler les couplets, chaque jour en milieu d'après-midi.

Nous n'avions jamais pense a en filmer un exemple. Désormais, c'est fait: voyez la vidéo ci-dessous, pour le plaisir du kitsch. Femmes enceintes, attention! La séquence est filmée dans un bus. Les images bougent avec les secousses et risquent d'occasionner des nausées!

Tchao,

Angel.


PS : Désolée, clavier asiat'...

L'éternel cycle du riz...

"Le Vietnamien plante le riz, le Cambodgien le regarde pousser, le Laotien l'écoute chanter", énonce un dicton indochinois. Vous vous souvenez?

Si l'on observe l'attitude des deux Cambodgiens au second plan, la sentence est vraie. Si l'on s'intéresse davantage aux deux gamins du premier plan, ce n'est plus clairement avéré...

C'était la pensée du jour,

Tchao,

Angel.

Merveilles d'Angkor 2/2 : Sautons de temple en temple, Angkor et encore

A une poignée de kilomètres de Siem Reap, nous avons rendez-vous avec l'Histoire. La grande. La majestueuse. C'est ici que s'étendent les ruines de l'un des sites les plus intrigants d'Asie : Angkor, ancienne capitale du royaume Khmer. A son apogée, celle-ci comptait plus d'un million d'âmes. En comparaison, Londres n'était qu'une bourgade de 50 000 habitants à la même époque. Les dieux-rois y on édifié des sanctuaires colossaux qui sont autant de reliques de leur mégalomanie et de symboles de leur pouvoir à la tête de ce peuple conquérant.

Guerres et pillages ont toutefois eu raison de son rayonnement. Aux XVe et XVIe siècles, la capitale est définitivement déplacée à Phnom Penh. Angkor est abandonnée. La nature a horreur du vide et reprend vite ses droits. Le site fastueux devient ruine. Les décombres se couvrent de mousses épaisses. Les murs des édifices s'éventrent sous la poussée de racines puissantes comme ci-dessus dans le temple de Ta Phrom. Redécouvert au XIXe siècle, Angkor ressemble alors à un Jenga géant. Les travaux de restauration sont rapidement lancés mais la tâche est à la hauteur de la démesure de ses fondateurs. Le pied des touristes garde aujourd'hui cette nature luxuriante à distance raisonnable.
En tuk-tuk ou à vélo, on passe ainsi de temple en temple et d'époque en époque. Fouler ainsi les merveilles architecturales de l'une des civilisations les plus ambitieuse de l'histoire, quelle expérience !

Nico


Débriefing : On a retrouvé nos amis belges Alice et Joël, à Siem Reap. Encore une occasion de partager nos impressions et de vider quelques godets autour d'un bon petit Lok Lak ou d'un délicieux Amok (plats locaux). Un mois que l'on s'est trouvés. C'était à Ninh Binh, au Vietnam. Notre bout de chemin ensemble s'arrête ici. On se quitte pour mieux se revoir en Europe. Nous rentrons le 15 juillet. Eux continuent leur tour du monde en Océanie puis en Amérique du sud pour rentrer en décembre. (http://www.lesskipassent.blogspot.com/)

Prendre de la hauteur au temple du Pre Rup.

Voler vers les dieux hindous au Mebon oriental.

S'élever vers le ciel au Ta Som.

Fuir la douche froide à tire d'aile au Preah Neak Pean.

Faire la chauve-souris sous la pluie au Preah Khan.

Avoir la tête qui tourne au Bayon.

Se faire pousser des ailes au Preah Palilay.

Faire l'hélicoptère devant le Baphuon.

Pour plus de photos des temples et des poses style "Louis XIV" (?!), cliquez sur la légende de l'image ci-dessous :

Sauter de joie devant le Angkor Vat, le plus grand site religieux du monde.