Vingt mille Chemises rouges (antigouvernementaux) ont manifesté dimanche 23, dans les rues de la capitale thaïlandaise, pour commémorer les morts de la crise d'avril - mai 2010. Celle-ci a fait 91 victimes et près de 1900 blessés.
Initialement venus des provinces du Nord-est et placés sous la tutelle de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'État militaire en 2006, les "Rouges" regroupent aujourd'hui une diversité de protestataires exaspérés par les tensions sociales, la corruption, le pouvoir en place. Il s'agit de leur second rassemblement pacifique, depuis la levée de l'état d'urgence en décembre.
14h30. Des milliers de casquettes, fichus et T-shirts rouges habillent la rue principale de Ratchaprasong, quartier commerçant et lieu régulier des affrontements d'avril et mai 2010.
J'y arrive par le métro aérien, avec Nico. Des dizaines de Thaïlandais et d'Occidentaux prennent des photos. Des chants libertaires annoncent le départ de la manif'. Évidemment, je n'en comprends pas les paroles. Ce sont deux femmes assises sur le trottoir, où elles vendent des CD, qui me renseigneront.
15h30. Ça ressemble à nos manif' du 1er mai. Les "Rouges" dansent, juchés à l'arrière de leur camion. Ils saluent les piétons qui leur renvoient un timide sourire, le plus souvent. Vieillards et enfants font partie des manifestants.Tous les vêtements rouges sont utiles pour servir l'occasion : les casquettes de chez Mc Do ou les tabliers frappés de la marque "Coca-Cola".
Nico et moi, on se sépare. Je suis le cortège, à pas rapides, sur le trottoir d'à côté. La rue est barricadée. Ça et là, quelques policiers observent, accoudés à un muret.
La précédente mobilisation, le 9 janvier, avait réuni 30 000 opposants au gouvernement, dans le même quartier. Elle avait été suivie, le lendemain, par un défilé des commerçants qui s'élevaient contre la gène occasionnée, pour leurs affaires.
16h. Le cortège se délite, 700 mètres plus loin. Les voitures s'éloignent, au compte-goutte. Quelques manifestants s'improvisent agents de la sécurité routière et aident la police à faire la circulation. Je demande à un motard de m'emmener au devant du défilé. Il ne parle pas anglais. Du tout. Comme moi le thaï. Il est d'accord pour m'emmener à l'aéroport!
Échec dans le dialogue, donc. Je redescends de sa bécane. Et me décide à alpaguer les passagers des camions.
16h30. Je monte à l'arrière d'un camion-distributeur de boissons glacées au sirop. A son bord, Noy et Somgij, couple de commerçants venus d'Oudon, à 8h de route de là, au nord du pays. Il y a aussi Nuan, habillée d'un chemisier fleuri, qui confirme le motif du rassemblement avancé par la plupart des manifestants : "Nous aimons Taksin. Nous sommes là pour lui". Mais lui n'est pas là, exilé à Dubaï ou au Monténégro, pays dont il a la nationalité. "C'est à cause de la police", dit simplement Nuan.
17h15. Le cortège n'avance plus. Je me décide à rejoindre sa tête, à pied.
Génial! Incroyable! Ils dansent, anciens de l'armée, passants, jeunes et vieux. Nous sommes devant le Monument de la démocratie, dans le quartier historique.
Ce lieu a été celui d'un affrontement mortel entre manifestants et force de l'ordre, le 10 avril 2010.
Les "Rouges" prévoient de se rassembler une à deux fois par mois. En décembre, leur nouvelle leader, Thida Thavornseth, avait déclaré au Bangkok Post : "Peu importe le nombre de ceux que vous tuerez ou que vous jetterez en prison. Cette fois-ci, les gens ne renonceront pas." Plus récemment, les antigouvernementaux ont annoncé qu'ils manifesteraient pacifiquement. Ce qu'ils ont fait, dimanche.
Angel.
PS: Désolée pour le long récit. J'me suis lâchée!
Pour voir d'autres photos de la manif' des "Rouges", cliquez sur celle-ci:
Yes,
RépondreSupprimerexcellent cet article. Ouest-France, 1er sur l'évènement ! Allez les rouge ... et noir.
Et bientôt, l'interview de Aung San Suu Kyi.
Ben
Euh, Angel ? Quand des gens dansent dans des camions, ça s'appelle une gay pride...
RépondreSupprimerEnfin bon, moi j'dis ça...
E.Falacok